mercredi 2 avril 2008

L'enfant-roi derrière la misère d'école? Non, au moins pas seulement

Certaine époque, on respectait les profs. Et maintenant ... Certaine époque on apprit la grammaire du français littéraire, on avait un bon vocabulaire. Et maintenant ... Au moins c'est ce que me dit une connaissance à peu près l'age de mes parents, qqs années plus jeune. Il l'explicait avec jeunisme, avec l'enfant-roi.

Je ne crois pas qu'il hallucine. Je ne crois pas non plus qu'il voye les choses dans la bonne perspective, ni même qu'il aye raison.

1° A l'époque, plus de monde était encore dans la campagne. La ville démoralise. Au moins du point de vue du respectueux.

2° A l'époque, l'école, la grammaire, le correcte fonctionnaient encore comme des ascenseurs sociaux. Maintenant plus.

3° Il confond un bon vocabulaire avec un vocabulaire correct. Un bon vocabulaire est un vocabulaire rélévant pour ses contacts sociaux, que ce soit d'entourage familiale, de passetemps ou encore de profession. Même observation pour l'orthographe. Si tes copains abbrègent "j'ai" en "G", ce n'est pas mauvais de le faire avec eux. Ce que serait mauvais, c'était de le faire avec quelqu'un qui valorise le correcte, par example si par là on perdrait un contrat qu'on voudrait bien avoir. Celui qui connaît juste le correcte est autant handicapé aux contextes populaires ou informels, que celui que ne connaît pas le correcte l'est dans un contexte formel.

4° A l'époque, il y avait moins des jeunes des quartiers ou banlieues aux écoles. Maintenent il y a les banlieues et les quartiers devenus fameux en 2005. J'ai déjà noté, je le note, je le rénoterai: le problème avec ces jeunes, c'est qu'on les force à attendre une école où ils ne sont vraiment pas chez eux, où ils sont censés apprendre des choses dont ils ne seraient souvent pas même fiers s'ils les apprendraient bien. Sauf de leur travail en tant que travail et de leur adaptation en tant qu'adaptation, comme des strebers.

Pour un Arabe, je parle concrètement, littérature (dans le sens de culture générale) veut d'abord dire le Coran, ensuite les poëtes Arabes ou Persans, encore les comtes de Mille et Une Nuits (ça, c'est déjà de la culture populaire, comme Mickey Mouse par Disney ou Sillage par Morvan pour les jeunes occidentaux) - ils ont quoi à foutre avec Racine ou avec Sartre? Ceux qui respectent la culture occidentale, oui, eux, ils seraient fiers de l'apprendre. Ceux qui ne la respectent pas tellement ... c'est pas trop pareil. On les force de perdre des ans et des ans pour apprendre ... une culture qui n'est pas la leur, une attitude dans le rapport foi et raison qui n'est pas la leur non plus ... non, ce n'est pas une bonne démarche auprès d'eux, ni, enfin de compte pour les autres, surtout pas pour les autres dans une même école. On ne vit pas chez eux dans la famille, eux ne vivent pas chez uns-mêmes dans la famille, le fait de vivre sous les mêmes lois sur le même territoire n'est pas une raison valable pour usurper pour ainsi dire l'autorité qu'ils respectent vraiment, c'est à dire celle des parents. On peut savoir gré aux Arabes qui respectent et qui aiment notre culture occidentale, ce n'est pas une raison de se venger hors toute proportion sur les autres, les trop dégoûtés de Palestine, Abou-Ghraïb, Guantanamo Bay, ceux pour qui ça résume l'Occident.

Il y en a même, pour qui le français correcte avec son orthographe du Moyen Âge (oui: on prononce mou-a-ien et ecrit comme à l'époque où on disait encore mo-ye-n avec un o audible, avec un yè et avec un n audible, une époque qui se trouvait à ce qu'on appelle le moyen âge) hors rapport prévisible avec la prononciation soulève des mémoires noires de la colonisation d'Algérie, des punitions corporels pour ne pas avoir appris de distinguer "avais--avait--avaient"!

Pour un jeune Français patriotique, soucieux de ne pas subire une colonialisation à rebours, je parle avec une concrétion pareille, littérature contemporaine c'est peut-être plutôt Jean Raspail ou Mgr Lefebvre ou Un Moine du Barroux ou Serge Beketch (R. I. P.) avec son "Journal de la Courtoisie" ou "Itinéraires" par Jean Madiran que ce ne serait Sartre ou Michel d'Onfray (qui copie, directement ou indirectement, un illogisme de "la Bible du Moscou": que la religion, (surtout chrétienne), soit à la fois une névrose attristante qui sape la joie de vivre jusqu'à rendre malade et une illusion béate qui aveugle devant le spectacle tragique du monde - spectacle qui semble peut-être autant plus tragique pour d'Onfray, que c'est son athéisme qui semble perdre de terrain et se retrancher dans au moins une langue de plus en plus violente).

Pour que la paix regne dans une cour d'école, c'est peut-être la seule solution valable que les deux parties se retranchent dans une vie de jeux, de littérature futuriste (donc pas enracinée dans le passé qui les opposerait autrement), c à d des BD comme Sillage, de fumé de Haschisch, des teufs improvisées, de drague qui (on le sait trop bien) n'a pas beaucoup de chances de résulter dans des mariages les années à venir. En bref: une vie "d'immaturité", selon les critères des profs. Une vie telle que les profs l'aiment combattre. Une vie que les profs résument comme fuite de la réalité, tandis que c'est eux-mêmes qui se coupent de la réalité en se disant que "si seulement les élèves respecteraient les profs, s'appliqueraient aux études, cesseraient les jeux vidéo et les tchatches, écriraient le français correcte, ils auraient de l'espoir" - je me demande bien auprès de qui? Auprès de patrons avides de suivre les goûts des profs comme démarcage social? Peut-être il y en a qui auraient très peu d'espoir auprès de ces patrons de tout manière ...

L'autre solution, c'est d'abolir la cour d'école s'il s'agit de grandes classes, s'il s'agit d'école obligatoire, s'il s'agit même d'école de rattrappage imposée par les autorités sociales. On n'a pas besoin d'avoir appris les équation de deuxième degré pour faire la coiffeuse, ni d'avoir appris l'histoire de France pour faire le mécanicien. Si on les aime, pourquoi qu'on les étudie pas, même sans obligation? Si on ne les aime pas - pourquoi qu'on les étudie de tout? L'essentiel c'est l'acessibilité, pas l'obligation!

Je ne veux pas cacher que cet aspecte a été abordé. La gauche a décrié de pousser les enfants et des jeunes trop tôt à l'usine. Mais si la faute est dans l'usine comme façon de faire le travail plutôt que dans le travail économique depuis la puberté? De toute façon, on peut interdire certains travaux aux jeunes, même sans leur interdire de travailler.

Hans Lundahl
Aix en Provence
20 mars/2 avril 2008